Barbara (Christian Petzold)

Le dernier film de l’Allemand tient la corde raide d’un environnement oppressant, se situant dans l’Allemagne de l’Est des années 80. Soif de liberté, Barbara a bien l’intention de partir vers l’Ouest avec son copain, qui essayera de l’aider dans sa quête. Mais le sort des gens pour qui liberté individuelle est synonyme de danger permanent reste une dure perte. La Stasi veille, jusqu’à devenir totalement aliénant. Dans la vie, Barbara est chirurgienne-pédiatre dans un hôpital de Berlin-Est. Les jeunes cas sont nombreux et triste de la situation, presque sans espoir.

Comment filmer au final la peur, quand elle est invisible est partout à la fois ?  Christian Petzold, avec le talent qu’il possède depuis Contrôle D’identité, fait office d’un regard sombre et persuasif sur l’air qui rode à l’époque, ou le monde est l’ennemi de quelqu’un. Jouant souvent sur les regards et les non-dits, l’auteur capte subtilement les désirs et les gestes des personnages, ou les dialogues sont sur la méfiance. Rigide et possédant une photographie sublime, Barbara laisse peu de place à l’émotion, et reste cohérent face aux propos. L’amour est effacé au profit d’un lavage de cerveau opéré par le ministère de la Sécurité d’État. C’est le jeu du chat est de la souris, à l’intérieur comme à l’extérieur. Rare sont les films qui arrivent à donner une position très claire sur l’état des choses de cette Allemagne de l’Est, ou la volonté de vivre reste une force admirable.

Ours d’Argent au festival de Berlin 2012. Disponible en VOST jusqu’au 16 avril.